La Journée Internationale de l’Alphabétisation célébrée au Burkina : Les acteurs s’interrogent sur la contribution de l’alphabétisation à la valorisation des cultures et langues nationales
La Journée Internationale de l’Alphabétisation (JIA) célébrée le 8 septembre de chaque année, sous l’égide de l’UNESCO, offre l’occasion de rappeler l’importance de l’alphabétisation en tant que facteur de dignité et de droits humains.
Au Burkina Faso, elle a été commémorée en différé le 19 septembre 2024 à Pô sous la présidence du Ministre de l’Enseignement de Base, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationale (MEBAPLN) avec pour thème principal : “Promouvoir l’éducation multilingue : l’Alphabétisation pour la compréhension mutuelle et la paix”.
Un thème d’actualité au regard du contexte national marqué la crise sécuritaire et ses effets sur l’éducation que connait le Burkina Faso. Ainsi, à côté de ce thème principal, le pays des hommes intègres a choisi de s’appesantir sur le thème secondaire : « Valorisation de nos cultures et langues nationales : quelle contribution de l’alphabétisation ?»
Selon Madame la Gouverneur de la région Centre-Sud, représentant le ministre de l’Enseignement de Base, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MEBAPLN) à la cérémonie officielle, le développement d’un pays repose sur une population instruite, connectée à ses valeurs culturelles. A cet égard, l’alphabétisation contribue énormément à la valorisation des cultures et des langues nationales et a un impact considérable sur la vie des populations et le développement socioéconomique et culturel. C’est sans doute pour cette raison que le Burkina Faso a pris des options claires et très favorables à la mise en œuvre d’actions d’alphabétisation et d’éducation non formelle. Ce sont pour l’essentiel : la formulation d’une politique consensuelle dans laquelle les acteurs se reconnaissent, la distribution des rôles respectueuse des règles de bonne gouvernance entre l’Etat, les communautés de base et les opérateurs mais aussi la mise en place d’un cadre institutionnel et la création d’un fonds national dédié à l’alphabétisation et à l’éducation non formelle.
Pour Mr Zombré Paulin, panéliste lors des travaux, « Pour bénéficier pleinement du potentiel transformateur de l’Alphabétisation, nous devons opter pour une approche multilingue et une éducation basée sur la langue maternelle ». C’est dans cette perspective que, par arrêté n°2024-025/MENAPLN/SG/DG-AEF du 08/02/2024, le MEBAPLN a adopté une formule harmonisée de l’éducation bi plurilingue qui constitue désormais le référentiel en vigueur dans les écoles bilingues du Burkina Faso.
Outre les expositions célébrant les richesses culturelles du Burkina, les échanges et réflexions autour du thème central, la commémoration de la JIA 2024 au Burkina Faso a été l’occasion d’interpeler les décideurs politiques, les communautés de base et les Partenaires techniques et financiers (PTF) sur l’importance de l’alphabétisation dans la formation d’un citoyen digne, conscient de ses droits et devoirs, résilient, engagé dans la lutte pour l’émergence des sociétés plus instruites, durables et pacifiques.
A cet effet, les acteurs de l’éducation en général et de l’Education non formelle en
particulier ont notamment appelé au renforcement des capacités des parties prenantes à la chaîne éducative dans le contexte de crise au Burkina pour garantir une éducation de qualité et assurer la résilience des systèmes éducatifs. Dans ce sens, ils ont relevé que la coordination, la formation continue et l’engagement communautaire sont autant de leviers à activer pour surmonter les défis posés par la crise et offrir aux enfants déplacés internes ou affectés, une éducation qui leur permettra de se reconstruire et de préparer leur avenir.
En lien avec le thème, ces acteurs ont également plaidé pour l’amélioration des compétences linguistiques afin de faciliter le dialogue, la résolution de conflits et la conception de matériel didactique mais aussi la formation du personnel enseignant dans plusieurs langues et dans la gestion des classes bi-plurilingues.
La célébration de l’édition 2024 de la Journée Internationale de l’Alphabétisation au Burkina Faso a aussi permis de lancer un appel à soutenir la recherche sur les meilleures pratiques en matière d’éducation multilingue et les impacts sociaux du multilinguisme.
Participant à ce rendez-vous majeur en matière d’alphabétisation, le comité de plaidoyer du Programme Régional d’Appui à l’Amélioration de la Qualité de l’Education en Afrique de l’Ouest (PRAQUE-AO) a saisi l’occasion pour présenter ledit programme et ses offres de formation. Un Programme qui selon Mr Victor Ouédraogo, vise à améliorer la qualité de l’éducation de base par le renforcement des capacités des cadres des ministères et organisations de la société civile (OSC) et à soutenir un plaidoyer pour la prise en compte des pratiques et méthodes éducatives en complémentarité avec les offres dans les pays. Le PRAQUE-AO comporte des formations modulaires et master accessible aux détenteurs d’une licence.
