Conséquences du conflit Russie-Ukraine sur les économies subsahariennes : Prévenir un éventuel cataclysme économique

Par Tegawende Brice OUEDRAOGO Économiste de développement.

Depuis de nombreuses années, de nombreux pays africains, en particulier les États d’Afrique de l’Ouest ont été confrontés à une récession de croissance économique en raison de nombreux facteurs.

Le monde actuellement secoué par de nombreux défis, économiques notamment le COVID 19, et plus récemment le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine qui affecte l’économie mondiale et augmente le fardeau des économies en développement qui sont aux prises avec des défis permanents tels que le COVID 19, les attaques terroristes et l’insécurité alimentaire.

Les gouvernements ouest-africains sont interpellés à prendre un certain nombre d’actions et mesures afin de limiter cet éventuel chaos économique. Les attaques terroristes persistantes et le récent conflit Russie-Ukraine augmentent le nombre de défis économiques auxquels sont confrontées les économies subsahariennes.

Ces pays gravement touchés par l’insécurité étaient déjà confrontés à l’insécurité alimentaire en raison de l’incapacité des agriculteurs à produire suffisamment de ressources alimentaires, et qui sont causés par le nombre croissant de violences et d’attaques au sahel. De nombreuses économies sont actuellement confrontées à une pénurie de denrées alimentaires et de carburant causée par le conflit russo-ukrainien. En effet les études économiques nous prédisent déjà dans un bref délai une éventuelle inflation à l’échelle mondiale.

Le Burkina Faso, l’un des États les plus touchés par la violence, et les attaques terroristes, fait face à une naissante crise alimentaire et un manque de ressources et pourrait faire face à une hausse des prix allant jusqu’à une augmentation de 20 % en raison de la situation sécuritaire. De plus, le pays devra faire face à une hausse sur le prix du gaz et l’essence dont on s’attend à atteindre une part de 12%.

Ces hausses de prix sur le marché s’expliquent tout d’abord de l’inflation globale que connaitra la planète due au conflit opposant la Russie à l’Ukraine. En effet on assiste à une rupture de la chaine d’approvisionnement du gaz et du pétrole à l’échelle internationale exposant ainsi au danger les pays du Maghreb tel que l’Égypte, la Tunisie qui dépendent directement et fortement de ces pays. On s’attend également à une hausse des prix régionales du pain résultant de la rupture d’approvisionnement du blé.

Ces prix plus élevés et les pénuries d’approvisionnement augmentent la pression sur des milliers de ménages et plongeront des millions de citoyens africains et surtout ouest africains dans l’extrême pauvreté. Quant au Burkina Faso l’augmentation de l’insécurité alimentaire exacerbe et affecte de nombreuses régions, en particulier celles du nord, centre nord, l’Est et le centre.

Le gouvernement est appelé à prendre des mesures urgentes et résilientes en matière de sécurité alimentaire et de maintien de la stabilité des prix sur le marché. Les yeux sont tournés vers la hausse du prix du pétrole et ses conséquences sur l’inflation qui pourraient être reportées sur le secteur de l’énergie visant à lutter contre le changement climatique.

Aux défis économiques persistants auxquels sont confrontés les pays sahéliens comme le Burkina Faso, on peut s’attendre à une hausse du prix des hydrocarbures. Cette hausse des prix du pétrole et du gaz entraînera une inflation à tous les niveaux de prix et pourrait par conséquent conduire nos économies non pas vers une morosité économique mais vers ce que je qualifie de cataclysme économique dans les pays d’Afrique de l’Ouest.

Les gouvernements des pays enclavés tels que le Burkina Faso, le Mali et le Niger devraient adopter des politiques fortes et efficaces afin de limiter et de contenir les conséquences de cette inflation sur la vie de millions de citoyens. Elles sont entre autres :

▪ Renforcer et surtout accroitre le commerce libre et ouvert entre les pays voisins de l’UEMOA et surtout élargir ces échanges commerciaux avec d’autres pays afin de limiter la pénurie d’approvisionnement.

▪ Mobiliser des fonds d’urgence afin de soutenir les agriculteurs visant à maximiser la production suffisamment pour couvrir la période 2022 et 2023, 2024 et 2025. Ces politiques doivent s’étendre à l’octroi de terre agricole dans les zones favorables à l’agriculture.

▪ Accentuer la bonne gestion des stocks nationaux de vivres et de ressources

▪ Enfin mettre en place des solutions unanimes à l’échelle sous régionale et même africaine.