Société

Côte d’Ivoire : l’animateur Yves de M’Bella condamné à douze mois de prison pour « apologie du viol »

Lundi soir, à une heure de grande écoute et en présence d’un public, le présentateur de ce talk-show populaire diffusé sur La Nouvelle Chaîne ivoirienne (NCI, télévision privée) avait invité dans son émission – censée dénoncer le viol – un ancien violeur à qui il a demandé d’expliquer comment il s’y prenait pour abuser de ses victimes en s’aidant d’un mannequin. L’animateur a aussi demandé à son invité si, parmi ses victimes, certaines « [avaient] joui et [avaient] pris du plaisir quand [il] leur faisai[t] l’amour en les violant ? »« Beaucoup, la majorité », a répondu le « violeur repenti ».

Outre la peine de prison, l’animateur a été condamné à 2 millions de FCFA (3 000 euros) d’amende et s’est vu signifier l’interdiction de quitter Abidjan. Plus tôt dans la journée, il avait d’abord été entendu par la police avant d’être déféré en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel d’Abidjan.

Condamnation précédée de sanctions

Cette émission avait immédiatement suscité l’indignation de personnalités, d’anonymes et de victimes de viol qui réclamaient des sanctions contre l’animateur et sa chaîne. Deux jours après, l’indignation ne faiblissait pas et une pétition lancée lundi soir par Désirée Dénéo, secrétaire générale de la Ligue ivoirienne des droits des femmes, pour dénoncer les faits et réclamer des sanctions, avait récolté mercredi plus de 46 500 signatures.

La Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) avait, dès mardi, suspendu Yves de M’Bella pendant trente jours de toutes les antennes et télévisions de Côte d’Ivoire. Il a, en outre, été décidé par le comité d’organisation du concours Miss Côte d’Ivoire qui a lieu samedi, qu’il n’animerait pas la soirée comme initialement prévu.

« Ces sanctions ne sont pas suffisantes », avait déclaré avant les condamnations Bénédicte Joan, présidente de l’association Stop au chat noir, qui vient en aide aux victimes de viol, lors d’un rassemblement de femmes mercredi matin devant le siège de la chaîne NCI à Abidjan. Bien qu’il ait demandé « pardon » et se soit déclaré « meurtri », Yves de M’Bella « ne devrait plus du tout apparaître sur nos télés », avait-elle ajouté.

Le Monde avec AFP