Evrard Bako, Coordonnateur national Association Verger potager du Renouveau
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« Je suis comme un collectionneur, et je n’aime pas la destruction. »
Le 17 décembre 2024, la coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) a remis des produits prohibés saisis à l’association Verger potager du renouveau dont la mission est de les transformer en intrants agricoles en lieu et place de les incinérer. Nouvelles-infos est allé à la rencontre de Evrard Bako, coordonnateur national de l’association Verger Potager du Renouveau pour en savoir plus. Lisez-plutôt.
Nouvelle-infos : d’où vous est venu le nom de votre association, Verger Potager du Renouveau ?
Evrard Bako : Verger Potager du Renouveau honnêtement je peux dire que c’est comme une divination. Avec le contexte, vu ce que le pays traverse, les difficultés sécuritaires, nous avons essayé de réfléchir, pour trouver quelque chose, un nom, qui va allier sécurité, bien-être alimentaire, et qui va coller aux réalités. Voilà comment nous avons trouvé Verger Potager du Renouveau ensemble. Verger Potager, allie la culture des arbres fruitiers un peu actifs, comme la papaye, qui permet la culture tout autour, et qui prône beaucoup le hors sol.
Le Renouveau, c’est le nouveau contexte, c’est le style que nous voulons donner à la chose et quand je dis le style, c’est vraiment nouveau, et l’adaptation, la résilience du Renouveau Burkinabé
Nouvelle-infos : Présentez-nous alors Verger Potager du Renouveau ?
Evrard Bako : Verger Potager du Renouveau est né en 2023, suite à une réflexion depuis 2022. Elle est née sous les charmes de l’association Yampalga, qui est conduite par une présidente, Mme EMENEGER. C’est elle qui m’a amené à me faire former à l’IPD AOS en agroécologie. Voilà comment, quand on a mis en réflexion Verger Potager du Renouveau en 2023, on a mis en œuvre le concept de réunir, de ne pas avoir cette peur de dire qu’il y a des personnes déplacées internes(PDI) qui sont regroupés dans nos villes, et que dans cinq, dix ans ils doivent retourner chez eux. Donc pour les outiller, nous avons décidé de concevoir ce projet-là, dans les dix régions du Burkina qui va consister à aménager au moins 100 sites qui seront entièrement clôturés et dotés des arbres fruitiers et des cultures de potagers pour les PDI. Ils seront formés en agroécologie qui consiste à la culture obscène, le compostage, la fabrication de bio pesticides, l’arboriculture et surtout d’autres métiers verts d’assainissement qui sont comme la production des pavés écologiques, pour qu’enfin quand ils retourneront chez eux, qu’ils assainissent leurs habitations, d’autres lieux du Burkina, comme les marchés.
Nouvelles-infos : dites-nous, d’où vous est venu, l’idée de transformer ces produits prohibés intrants agricoles ?
Evrad Bako : l’idée m’est venue depuis plusieurs années. Je suis comme un collectionneur, et je n’aime pas la destruction. Aussi étant entrepreneur, j’ai des capacités de transformation et chaque fois que je voyais à la télé qu’on est en train d’incinérer quelque chose, je me disais que ça aurait pu servir ailleurs, qu’à l’incinération. Je me demandais comment faire pour trouver quelque chose qui va allier agriculture et saisie. Dès les premiers instants, je voyais d’abord les denrées alimentaires comme les pâtes, les différents vivres qu’on utiliser pour composter. Avec la saisie record de 1000 tonnes de riz, j’ai vu l’opportunité, parce que moi-même je sillonne les restaurants de mon quartier pour recueillir les premières eaux de lavage de riz qui donne ce liquide précieux qu’est l’amidon que nous utilisons dans l’agriculture.
Donc après la saisie du record de ce riz, j’ai entrepris les démarches auprès du ministre de l’agriculture qui a instruit ses services techniques de voir comment on pouvait récupérer ce au profit de l’agriculture. Moi mon travail était d’apporter mon expertise pour le compostage et pour la transformation en aliments de volaille ou de bétail. J’ai décidé donc de poser une demande de partenariat, de mon association, au ministère de l’économie avec ampliations CNLF et au niveau de la douane, pour qu’ils me permettent après une saisie, qu’on essaie de voir, si on ne pouvait pas transformer les produits en intrants agricoles.
Dieu merci, j’étais assis un beau jour et un monsieur m’appelle, pour me dire, c’est monsieur Bako ? J’ai dit oui et il m’a demandé de passer à la coordination pour mon exposé. Ils m’ont donné des échantillons que j’ai transformés en produits et sous –produits que je leur ai présenté. Après test, ils ont validé.
Nouvelles- infos : Pouvez-vous nous citer des exemples de produits dérivés de vos recherches ?
Evrard Bako : si on brûle, par exemple, les canettes de bière, obtiennent des marmites, des moules, qui seront utilisées pour la formation des PDI. Les cartons, on les a tous transformés en cendres qui est très bien pour le compost et qui est un engrais. Tout ce qui est sachet qui sera recueilli sera fondu pour être mélanger avec le sable pour faire des pavés. Quand on prend la cigarette après macération, on a le liquide, le tabac, qui sera utilisé comme répulsif. Il y a le résidu de tabac que nous recueillons après macération qui a toujours l’odorat du tabac, qui sent très fort qui est utilisé encore comme répulsif et qu’on peut utiliser autour des arbres fruitiers, autour de la ferme, pour chasser les acariens. On peut incinérer pour recueillir la cendre qui est très bien pour les fosses avant plantation, pour désinfecter. Ensuite, d’autres produits, servent à fabriquer l’engrais organique. Par exemple, certaines boissons ; sachant que les boissons contiennent de l’alcool, du sucre et de la levure, c’est du pain béni puisque dès que vous dosez, diluez, avec une certaine quantité d’eau, mélangez avec la bouse de vache, ou les fins de poule et d’autres injections d’animaux, dès que vous faites le mélange, après quelques jours de remues, vous avez un produit liquide qui constitue un engrais très puissant pour les plantes…
Nouvelles-infos : dites-nous, qui sont vos collaborateurs et les bénéficiaires ?
Evrard Bako : nous avons des techniciens, des consultants privés qui sont plus agréés et les laboratoires qui travaillent avec nous pour certifier la non-dangerosité de nos produits. Parlant de bénéficiaires, c’est les employés qui travaillent déjà avec nous, qui seront les bénéficiaires, et les personnes déplacées internes. Ils vont bénéficier de ces produits de la matière première pour la formation et aussi des fruits. Les PDI quand ils vont repartir chez eux, pour les réinstaller, auront des kits de réinstallation par exemple des marmites, des moules de pavé, des plats, du compost, qu’il soit granulé ou liquide pour qu’ils puissent redémarrer une nouvelle vie.
Nouvelles-infos : En dehors de la CNLF, travaillez-vous avec d’autres structures et l’État ? Comment se passe la collaboration ?
Evrard Bako : Pour l’État, c’est la première collaboration directe. Nous avons déjà discuté avec la douane, la mairie de Ouagadougou. Il a des services déconcentrés, comme la police qui effectue des saisis par le lait que j’ai vu et qui peut être dilué, infusé et puis utilisé sous les plantes. Nous comptons déposer aussi un partenariat au niveau du ministère de l’environnement parce que notre approche c’est en même temps assainissement.
Inma SAWADOGO