Politique

Le Burkina Faso à l’heure du marché carbone : une alliance stratégique entre l’État et le patronat

Ouagadougou, le 28 juillet 2025 — Le Burkina Faso intensifie sa mobilisation nationale pour la transition écologique, avec un coup d’accélérateur donné au processus REDD+ et à l’intégration du secteur privé dans le marché carbone. Lors d’un atelier organisé par le Secrétariat Permanent pour la REDD+, les autorités environnementales ont réuni les représentants du patronat burkinabè afin d’engager un dialogue stratégique sur les mécanismes de finance carbone et les opportunités de développement durable.

Un contexte écologique préoccupant

Le Directeur de Cabinet du Ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, Ousmane BAWAR, a dressé un diagnostic alarmant : entre 2000 et 2022, plus de 110 000 hectares de forêt disparaissent chaque année, soit une perte de 25,3 % de la couverture forestière nationale. Ce phénomène accentue la vulnérabilité des populations rurales et accélère les dérèglements climatiques.

Face à cela, le gouvernement a inscrit l’enjeu environnemental dans son Plan d’Actions pour la Stabilisation et le Développement, notamment à travers l’objectif 4.5, et a lancé en 2025 une vaste campagne de reboisement avec plus de 5,7 millions de plants mis en terre.

REDD+ et marché carbone : leviers pour une économie verte

Le processus REDD+, engagé depuis 2013, permet au pays de valoriser ses efforts de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES). À travers ce mécanisme, le marché carbone, émanation de la Convention des Nations unies sur le climat, offre une opportunité unique de compensation financière des actions climatiques, que celles-ci soient portées par des acteurs publics ou privés.

Mamadou BATIENE, Secrétaire Permanent du REDD+, a insisté sur l’importance de la mobilisation du secteur privé :

« En investissant dans le climat, les entreprises peuvent accéder à des ressources financières tout en valorisant leurs efforts de réduction d’émissions. Le marché carbone est une chance pour notre développement endogène. »

Le patronat burkinabè, acteur clé de la transition

Le président du Conseil National du Patronat Burkinabè (CNPB) a salué cette initiative comme un tournant stratégique pour une croissance durable. Il a rappelé les pertes agricoles (34 %) et forestières (25 %) enregistrées, tout en soulignant que :

  • Le marché carbone constitue une source d’incitation financière
  • Il valorise les pratiques durables en agriculture et en élevage
  • Il favorise l’amélioration des chaînes de valeur
  • Il encourage le développement d’un secteur vert créateur d’emplois et d’innovation

L’atelier avait également pour objectifs de :

  • Renforcer l’implication des entreprises dans les politiques climatiques
  • Identifier des partenaires pour les projets REDD+
  • 🌱Contribuer aux Contributions Déterminées au niveau National (CDN)

L’exemple d’Oubry : l’engagement régional

Dans un geste fort, Noé Nana, Secrétaire Général du Patronat régional d’Oubry, a illustré la mobilisation locale :

« Là où il y a la verdure, il y a la vie. La région d’Oubry veut contribuer pleinement à cet avenir écologique. »

Il a souligné le besoin de sensibilisation communautaire et de financement local de projets durables, tout en saluant les formations environnementales organisées dans sa région.

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