Les premiers pas du capitaine Ibrahim TRAORE en tant que Président du Faso

Le capitaine Ibrahim TRAORE a prêté serment ce vendredi 21 octobre à travers une cérémonie assez sobre. Cette cérémonie annonce déjà les couleurs de sa gouvernance. Dans la même soirée, il a nommé par décret présidentiel son premier ministre et le Directeur de l’Agence Nationale des renseignements. A travers ces premiers actes en tant que Président du Faso, il montre sa volonté d’emboiter les pas du Président SANKARA.

Dès le soir de sa prestation de serment, le nouveau Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré a nommé deux personnalités clés : le Premier Ministre, Maitre Apollinaire KYELEM de Tambela et le Directeur de l’Agence Nationale des Renseignements, le Capitaine Oumarou YABRE. Le nouveau Premier Ministre est un partisan de Thomas Sankara, ancien CDR, très connu à travers ses prises de positions sur les plateaux de télévision. Il a produit un important livre sur Thomas Sankara, Thomas Sankara et la révolution au Burkina Faso, une expérience de développement autocentré. Cette nomination indique déjà l’option du Capitaine Traoré à emboiter les pas du Président SANKARA. Au-delà de son appartenance au CNR, Me KYELEM est réputé être un homme rigoureux et sobre, très critique vis-à-vis de la hiérarchie militaire. Entre la fonction d’analyste et celle du premier ministre, il y a un fossé.

D’importants défis l’attendent comme le choix d’hommes exemplaires avec une bonne moralité, la réduction du train de vie de l’Etat à travers une réduction des salaires et des avantages des ministres et des « hautes personnalités » ; la lutte contre la corruption et surtout le choix du partenaire dans la lutte contre le terrorisme. Sur ce dernier point, l’on ne saurait dire quel choix fera-t-il car la réalité du terrain va l’amener à reconsidérer certaines de ses positions quant à la présence russe au Burkina Faso. Néanmoins, dans son interview donnée à Radio Omega, il annonce que « peu importe le partenaire avec lequel nous allons travailler, il devra nous respecter ». Aussi, quel seront ses relations avec la hiérarchie militaire avec laquelle il est sans état d’âme dans les critiques ? Il ne faut pas perdre de vue l’objectif principal de cette prise du pouvoir du Capitaine TRAORE, la situation sécuritaire. C’est la capacité de l’armée à faire des exploits sur le terrain qui sera le baromètre pour juger ce nouveau pouvoir. Les Burkinabè espèrent que cette fois-ci les militaires ne vont pas abandonner la tenue « terre du Burkina » au profit des vestes et du luxe insultant. Déjà hier, le nouveau PM a annoncé sur les antennes de Radio Omega des actions à venir. Il s’agit entre autre de « la réduction des salaires du Président du Faso et des ministres, la réduction du prix du carburant, un gouvernement de moins de 25 ministres, le choix du partenaire », etc. toutes ces actions s’inscriront « dans la ligne tracée par Thomas Sankara ». Ces mesures soulageront la population sans doute, mais c’est la reconquête des territoires perdus qui déterminera tout.

Pour que l’armée engrange des victoires, les renseignements jouent un rôle essentiel et le Capitaine Ibrahim Traoré en est bien conscient. La nomination du capitaine Oumarou YABRE à la tête de l’ANR est sans doute une volonté de rendre fluide les services de renseignements burkinabè pour anticiper les attaques. A priori, ce dernier a une bonne connaissance de l’architecture des services de renseignement du pays, cependant aura-t-il les coudées franches pour dérouler sa stratégie ?

La hiérarchie, un caillou dans les botes des Capitaines

Depuis le 30 septembre, les Capitaines ont fait face à leur Commandement qui semblait ne pas les adouber. Après des concertations tout semble entrer dans l’ordre, cependant, il reste encore des questions essentielles en suspens. Quel Général sera Ministre de la défense ? Qui sera Chef d’Etat-major de l’armée ? Le choix de ces deux personnalités nécessite un casting assez subtil pour ne pas avoir « les hauts gradés » sur le dos dont certains semblent ne pas être contents d’avoir perdus certains avantages. Le Ministre de la Défense aura la responsabilité de reconstituer cette armée disséquée en faction. L’unité des différents corps est essentielle pour d’une part éviter un autre coup d’Etat et d’autre part pour vaincre le terrorisme. Cette unité au sein de l’armée est la condition sine qua none pour Ibrahim Traoré de réussir. Après la rencontre de ce Samedi entre le Président Ibrahim Traoré et le Commandement, la direction de la communication de la Présidence du Faso a annoncé que le Commandement s’engage à accompagner le Capitaine pour mener à bien sa mission. De toutes les façons, l’échec de Ibrahim Traoré sera celui de toute l’armée et cela détruira le peu de mythe qui reste de notre armée. Tel est un pompier, toute l’armée doit accompagner le jeune Capitaine à « Sauver le Burkina Faso ou à périr ».