DAMIBA ARRIVERA-T-IL ENFIN A EMBALLER GOÏTA ?
A l’annonce du coup d’Etat du MPSR le 24 janvier 2022, nombre de Burkinabè s’attendaient à une alliance naturellement entre le Mali et le Burkina Faso pour faire face au terrorisme. Mais après deux missions officielles (avril et juin 2022), cette alliance peine à voir le jour. Cette fois-ci, c’est le Président Paul Henri Sandaogo DAMIBA himself qui se déplace au Mali pour tenter de convaincre son homologue malien, Assimi GOÏTA.

Le coup d’Etat de DAMIBA en janvier 2022 intervenait dans un contexte sous régional tendu entre le Mali et les institutions comme la CEDEAO et le G5 Sahel. En effet, la CEDEAO avait pris une batterie de sanctions jugées démesurées contre le Mali et les dirigeants de la transition, parce qu’ils ont décidé d’opter pour une autre solution de sortie de crise. A l’époque, le Burkina Faso avait participé à la prise de ces sanctions à travers le président de l’époque, Roch Marc Christian KABORE. A l’avènement du coup d’Etat de DAMIBA, les Burkinabè, dans leur majorité, voyaient une alliance « naturelle » entre les nouvelles autorités militaires au pouvoir et le pouvoir de Bamako et une rupture des accords de défense entre le Burkina Faso et la France. Sauf que, contre toute attente, le Porte-Parole du Gouvernement, le Ministre Lionel BILGO annonçait que « le Burkina Faso n’est pas le Mali » et que le Burkina Faso, en toute souveraineté, est libre de contracter des alliances avec des partenaires de son choix dans la lutte contre le terrorisme. Ces propos laissaient voir en filigrane l’option prise par le Gouvernement Burkinabè. Celle de maintenir les relations avec la France, contrairement au Mali qui a fait le choix de diversification des partenaires en s’alliant à la Russie.
Le Burkina Faso en quête d’une coopération avec le Mali
Le Mali, dans sa trajectoire de rupture avec la France, s’est retiré du G5 Sahel, cela met en difficulté les autres Etats de la zone dite des trois frontières, particulièrement le Burkina Faso qui partage environ 1256 km de frontières avec le Mali. La montée en puissance de l’armée malienne aurait entrainé une délocalisation de certaines bases terroristes au Burkina Faso et au Niger. Prenant conscience de ce fait, les autorités actuelles du Burkina Faso ont diligenté deux missions d’échanges avec le pouvoir de Bamako. Le 22 avril 2022, la première mission conduite par le Commandant des Opérations du Théâtre national, le Lieutenant-Colonel Yves-Didier BAMOUNI, avait pour but de « renforcer la coopération opérationnelle entre les deux pays » en matière de sécurité. La deuxième quant à elle, a été conduite par le Colonel-major David KABRE, Chef d’Etat-major Général des Armées du Burkina Faso, le 23 juin 2022. Cette deuxième mission avait le même but que la précédente, « renforcer la coopération militaire » entre le Mali et le Burkina Faso. Mais c’est un Assimi GOITA jaloux de la souveraineté de son peuple qui tient tête à la France et à ses alliés, forçant l’admiration des Africains et de la Diaspora, qui ne baisse pas la garde. Nul doute qu’il se méfie « des amis de son ennemi ».

De la méfiance du côté de Bamako
Ces deux missions effectuées en deux mois n’ont pas pu aplanir les divergences entre les autorités de ces deux pays dans leur appréhension de la situation et les réponses à y apporter. Face à l’incapacité de la France à éradiquer le terrorisme, le Mali s’est trouvé un nouvel allié qui lui fournit armements et instructeurs pour conquérir son territoire. Tandis que le Burkina Faso faisait et fait encore bonne impression aux yeux des autorités françaises et leurs alliés européens tout en jouant aux équilibristes avec la Russie. Le maintien des relations entre le Burkina Faso et la France a créé un sentiment de méfiance chez le voisin malien qui n’est plus en odeur de sainteté avec son ex allié. Donc, la mayonnaise tarde à prendre et cette collaboration tant sollicitée par le Lieutenant-colonel DAMBA semble ne pas avoir un écho favorable du coté de Bamako.
Selon l’expert en sécurité Mahamoudou SAVADOGO, la « coopération entre Etats voisins du Sahel s’impose plus que jamais comme une nécessité » pour faire face au terrorisme. Le Président DAMIBA en a la pleine mesure d’où cette visite à Bamako ce 03 Septembre pour discuter en tête à tête avec son homologue GOÏTA. Cette troisième visite effectuée par le Président DAMIBA himself pourra-t-elle convaincre le Colonel Assimi GOÏTA de la sincérité des autorités burkinabè ?
Dans tous les cas, le Président DAMIBA a besoin de l’accompagnement du Mali dans la lutte contre le terrorisme et un accord avec GOÏTA sera un point positif dans son bilan les jours à venir. Jusqu’où ira-t-il pour construire cette alliance ? Pourra-t-il emprunter les mêmes chemins que le Mali en tournant radicalement le dos à la France ? Pour l’heure, cela semble être le point de divergence qui freine l’élan du Mali dans cette collaboration. En attendant les résultats de cette visite, les populations subissent de jour en jour la colère des hommes armées qui gagnent en territoire de plus en plus.